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Lettre de Étienne-Pierre Cabarrus, Bayonne, à Michel Léon Cabarrus, Louisbourg

Dublin Core

Titre

Lettre de Étienne-Pierre Cabarrus, Bayonne, à Michel Léon Cabarrus, Louisbourg

Créateur

Cabarrus, Étienne-Pierre

Contributeur

Lafuente, Annabelle (transcription); Talec, Jean-Phillippe (transcription); Videgain, Charles (transcription)

Éditeur

CNRS IKER (UMR 5478)

Date

1757

Type

manuscrit

Format

PDF

Étendue de la ressource, taille, durée

2 fichiers (fac-similé 4205 Ko, transcription 717 Ko) ; le texte contient 2920 mots.

Support

papier

Langue

français

Source

Documents reconstitués à partir de photographies au format 'jpeg' prises dans le fonds HCA.

Sujet

correspondance
commerce, communications, transports
famille

Description

Dans cette lettre d'Étienne-Pierre Cabarrus à son frère Michel-Léon Cabarrus, le premier détaille leurs transactions commerciales et financières, notamment les paiements et les envois de marchandises.

Résumé

Étienne-Pierre exprime également des préoccupations liées à la gestion des affaires à Louisbourg et sollicite des nouvelles plus fréquentes, tout en faisant part de la complexité des opérations commerciales à cause de la situation géopolitique, notamment l'interception des navires par les Anglais. Il mentionne aussi les arrangements spécifiques pour des commissions et des bénéfices à partager avec des collaborateurs, démontrant une stratégie commerciale adaptative en réponse aux risques et opportunités du marché. Enfin, Étienne-Pierre partage des nouvelles personnelles, incluant le mariage d'un membre de la famille et ses propres changements familiaux imminents, révélant les liens étroits entre les affaires et la vie familiale dans le contexte du commerce transatlantique du XVIIIe siècle.

Couverture spatiale

Louisbourg
Bayonne

Couverture temporelle

18e siècle

Droits

Domaine public

Droit d'accès

Nous tenons à exprimer notre sincère gratitude aux Archives nationales du Royaume-Uni, Kew à Londres (TNA) pour l'utilisation des copies numériques du fonds Prize Papers.

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Partage selon les Conditions Initiales [CC] [BY] [NC] [SA]

Est une partie de

Documentation conservée à Archives de la High Court of Admiralty and colonial Vice-Admiralty courts (Londres)

Référence

Talec Jean-Philippe et Videgain Charles (eds.), Mémoires, lettres et papiers du Dauphin : Bayonne, Louisbourg, Londres – 1757, La Crèche, La Geste éditions (coll. « Presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine »), 2024, 606 p.

Provenance

TNA, HCA 32/180/7

Texte Item Type Metadata

Texte

85
A Monsieur, Monsieur leon Cabarrus négociant à Louisbourg
M. Leon Cabarrus négociant à Louisbourg Bayonne Le 1757
J'ay recu mon cher frère vos 4 lettres avec leurs duplicatas du 14 juillet, 25 novembre, 18 et 19 décembre dernier. Commençons par la premiere dont les deux premieres pages ne roulent que sur le compte de Dulong. Je conviens en deux mots que moi le premier je tombais dans le paneau sur tout ce qu'il nous disait, cependant je ne tardais pas à m'appercevoir qu'il cherchoit à trop vous noircir. Je lui temoignois combien il était désagréable pour nous qu'il vint parler contre un de nos freres avec cette sécurité. Je ne donnois des mouvmens que pour aprofondir tout ce qu'il nous en disait par gens qui étoit alors à Louisbourg. Le sieur Dulong partit dans cette intervalle et peu après nous fumes fort tranquilles sur vôtre compte, le sachant à La Rochelle, je lui écrivis fort au long. Il me repondit par une lettre si impertinante que je crus qu'elle ne valoit pas la peine d'être relue et moins repondue. Je la jettay aussi bien au mépris que j'en meprisay l'autheur aussi du depuis n'a t-il vû de moy autre lettre et je ne sçai ou il est.
Je recûs par vôtre même lettre une première d'échange de 600 livres tournois pour le montant de pareille somme que Mr Ste Agne vous avait compté. Je lui écris ce jour en lui envoyant son compte ainsy je le creditte desdit 600 livres tournois j'espère qu'il sera comptant des emplettes que j'ay faites pour luy et comme la dite somme n'a pas suffi, j'ay tiré sur luy 409 livres tournois 4 sous à votre ordre et à 15 j[ours] de vue dont je vous ai débité ne doutant point que quelque événement qu'il arrivat cette lettre ne fut payée observées et faites l'observer à ces messieurs comme de vous même que je n'ai pris aucune commission. Suivant vôtre avis et à votre considération j'écris à Mr Drucourt pour lui faire offre de mes services. Je vois aussi que vous me priés d'avoir égard au mémoire de Mr. Dacarrette . Il vous fera part de ma lettre et sans doute de mon compte pour solde du quel il me doit 213 livres tournois et dont je me suis prévalu sur luy aussi a 15 j[ours] de vue en une lettre à votre ordre et dont je vous débite. Je le fais aussi de 60 livres tournois pour 12 paires souliers et escarpins que vous m'avés demandé pour vous et le sieur Richard. Je vous previens que les souliers sont faits depuis quatre mois.
Et enfin par vôtre même lettre vous me fesiés part du prix des denrées chez vous sans que vous vous attendissiés à l'expédition que je faisais du sieur Dorcalzabal qui n'avait pas pû vous apporter mes lettres parce qu'étant à Capbreton pour y prendre femme, cette goelette sortit sans que j'en fusse instruit. Cependant mon épouse et moi vous ecrivions fort amplement j'envoyais ces lettres à Rochefort et je ne scai comment vous ne les avez pas reçues. Vous y auriés vû que j'avais epousé une fille de Saubat Balanqué de Capbreton qui m'a aporté du bien et bon caractère c'étoit ce que je cherchois et je puis dire qu'elle a seu se menager l'amitié de toute ma famille. C'est assez parler de femme d'ailleurs elle vous écrit et je vous demande pour elle un peu de part dans vôtre amitié.
J'appris par l'arrivée icy du sieur Dorcatzabal qu'il avait été à Louisbourg car il m'en porta luy même la nouvelle. Il ne me remit point à la vertié vos lettres ayant été forcé de les jetter à la mer avec le paquet de la Cour par une chasse que luy donna une frégatte angloise sur les côtes d'Espagne . Il conserva seulement le compte de vente de sa cargaison et les lettres sur le trésor qui provenaient de la dite cargaison et qui faisoit un capital de 17062 livres tournois 9 [sous] y compris le produit d'une pacotille que j'avais avec ledit Dorcatzabal avec qui j'ay reglé tous les comptes conformément à celuy que vous m'avés remis. Ainsy je ne vous ay débité que de 4187 livres tournois 4 [sous] pour fonds à rentrer et dont vous vous êtes chargé me réservant de le faire dans le tems du produit des marchandises invendues provenant de la goilette La Catherine lorsque vous m'en aurés fourni un compte les 525 quintaux morue que vous y aviés chargé sont arrivés icy sans avaries et je l'ay vendue à 30 livres tournois le % libre et quitte de frais.
Par votre lettre du 25 novembre vous me confirmés celle que vous m'aviés écrit par le sieur Dorcatzabal en me mandant que tous les articles qu'il vous avait laissé étoit vendus à l'exeption du lard, grapins, marregue et jambons. Vous me promettiés le compte par Manesca que je n'ay point recû vos 6 remises conformes à vôtre bordereau et montant ensemble 6612 livres tournois 9 sous, 4 deniers dont je vous creditte cette remise étant uniquement pour compte des intéressés à la goilettte La Catherine.
Par celles du 18 et 19 décembre j'ay recu en premiere et seconde d'échange 2424 livres 6 sous 8 deniers pour vente que vous avés faite des 38 barils bœurre que je vous envoyois de compte à demi avec Poidenot et je vous en creditte vous débitant en même tems de 2431 livres tournois 9 sous. pour la vente dudit bœurre suivant le compte par vous fourni. C'est je crois réponse à toutes vos lettres pour ce qui concerne les affaires mais remontons au voyage de la goilette La Catherine et à la vente de sa cargaison.
Comment se peut-il faire que les souliers n'ayent été vendus qu'à 6 livres tournois la paire dans un tems ou nous savons très positivement qu'ils valoient au moins 10 livres tournois, nous avons plusieurs certificats et lettres qui le prouvent. Ce qui nous à fort surpris c'est qu'on ait forcé le capitaine à les donner à 6 livres tournois et qu'on les ayent taxés, par quel renversement étrange à ton jamais vû taxer des marchandises ce que je ne diray pas s'il s'agissait de farines ou autres vivres et encore à 6 livres tournois n'avons-nous que ce qu'ils nous reviennent si nous y comprenons les assurances d'allée et retour avec le fret ; et autres dépenses du navire envoyé pour cet objet on ne s'est pas contenté d'avoir ces souliers par force mais on a été au magasin prendre les futailles sans les compter de sorte qu'il en a été volé 56 paires qui ne laissent pas que de faire un objet ne fusse qu'a 6 livres tournois. Si je ne croyois que cela vous eut fait de la peine et ne vous eut occasioné quelque désagrement j'en aurois porté ma plainte au ministre. Bien des gens m'y avoit engagé et le placet étoit dressé mais nous n'avons pas voulû eu égard à bien de circonstances aller cy avant, car nous n'ignorons pas le dessous des cartes. Cependant il est bien cuisant pour nous d'envoyer dans la colonie des secours et d'y être perdans. J'espère que les deux expéditions que je fais si Dieu veut qu'elles arrivent à bien nous repareront, leurs cargaisons sont bien assorties comme vous le verrés par les deux factures cy jointes. J'ay obtenu que ces deux goilettes vous fussent adressées mais à une condition que voicy.
Le capitaine Dorcatzabal commande la prise qu'il avait faite et que j'ay nommée La Surprise je lui ay promis par écrit que sur vôtre commission de 5 % de vente et d'achapt en ce qui concernera sa cargaison vous lui donnerés 2 % et que les 3 restans seront pour votre nouvelle société de Solignac et Cabarrus. Croyés moy acceptés cette condition vous pouvés vous faire aider par Dorcatzabal et il en bien juste que celui cy qui n'a aucun portage y trouve une douceur. D'ailleurs il faut convenir que 10 % de commission à Louisbourg est bien fort, c'est tout autant que 15 à l'Amerique au reste ne croyés pas que cette occasion doive faire un prejugé à l'avenir. C'est une condition particulière qui ne déroge en rien au cours et à l'usage de votre colonie mais voyant que je pouvois vous ménager une commission j'ay été le premier à le proposer. Rendés donc jutice au désir que j'aurais de vous faire gagner quelque chose.
La seconde goilette est La Catherine capitaine Bd. Baudry qui a sa cargaison à peu près comme La Surprise et que nous avons partagée ainsi au cas que les anglois de deux n'en veuillent une les mêmes conditions subsistent pour Baudry que pour Docatzabal.
Vous verrés que dans les deux cargaisons il y a environ 7000 paires souliers et une bonne partie cuirs, tachés je vous prie d'en faire une prompte et bonne vente de même que du reste de la cargaison. Ne vendez qu'au comptant ou à gens que vous connoissés et par les premières occasions remettés le plus que vous pourrés en lettres sur le Trésor ne fusse que pour nous remettre notre capital nous avions une fois conçu le dessein de faire faire la course sur vos cotes à la goilette La Surprise et d'y mettre les équipages des deux goalettes avec leurs armes et munitions mais la chose n'est guère faisable outre il est incertain si les deux goilettes arrivent à Louisbourg. Il est fort à craindre que dans le mois de juin il y aura beaucoup de gros vaisseaux devant vôtre isle et si une fois notre goilette étoit prise comment nous renvoyer La Catherine avec quel capitaine et quels équipages ? Le plus expédient à mon avis est que si les deux batimens arrivent à Louisbourg et qu'il y ait de la morue, de prime d'en charger, six cents quinteaux dans La Catherine et 700 ou environ dans La Surprise dépendant du portage desdites goilettes si par exemple il y avoit des huiles de morues dans le pais et qu'elles ne valussent pas plus de 100 livres tournois la barrique de nous en envoyer. Il se pourroit encore qu'il y eut des sucres provenant des prises sur les anglais ou autres marchandises sur lesquelles vous pourriés juger qu'il en resulteroit un benefice en nous les envoyant. Mais la morue, s'il y en a, doit avoir la préférence. Si la peche était abondante et qu'il y eut quelque prise en vente de quelque bon et joly navire vous pourriés l'achetter pour notre compte en le chargeant ou de morue pour nous ou à fret mais ne le faire partir qu'aprés nous en avoir donné avis par plusieurs occasions afin que nous puissions nous faire assurer. Enfin faites en sorte mon cher frere que nos opérations secondent nos espérances. Il serait fâcheux pour nous après avoir fait un aussi grand debours de perdre notre bien faute de précaution mais la diligence est nécessaire par raport aux soldes considérables que nous faisons aux équipages. Ainsi si vous le pouvés d'aucune façon renvoyés vite La Surprise pour que nous puissions vous la renvoyer une seconde fois cette année, c'est un batiment qui a une grande reputation pour sa marche, nous prendrons nos précautions pour nous faire assurer sur le retour de ces deux goilettes pensant bien que ce seront les premiers qui reviendront de vôtre colonie. Je m'en remets au reste de même que mes interessés à ce que vous en ferés pour le bien commun. Dorcatzabal ou Baudry vous donneront verballement des nouvelles de Bayonne. Ils ont plus parcouru les ponts que moy mais nonobstant je vous envois le journal maritime de Bayonne et puis le 1 janvier jusqu'au moment du départ des goilettes avec la liste de nos corsaires .
Vous apprendrés par les nouvelles que recoivent vos Messieurs, l'horrible attentat contre nôtre bon monarque. Il n'est pas de Français qui ne fremisse en l'apprenant mais le criminel est toujours dans les tourmens pour luy faire avouer qui a pu le porter à cette action indigne . Nous ne devons cesser de prier et de louer Dieu qu'il nous conserve le meilleur de tous les rois. Me voila à la veille d'être appellé Papa, j'espère que mon épouse me donnera le poisson d'avril ainsi augmentation de famille et de neveus ou nieces. Dorcatzabal vous remettra 6 au[nes] mousseline pour Mr Lassalle que vous aviez demandé à Solignac et qui coute.
Savoir [COMPTE]
Je n'ai pu remplir le reste du mémoire 1er le modelle des souliers n'a pu se trouver. 2ème le cotton filé en fort rare et nous sommes dans le cas de le faire venir de Bordeaux. Toute notre famille est fort bien et pour toute nouvelle, je vous apprends le mariage de Jeanne Marie Lalanne avec un avocat du Mont de Marsans fort joly garçon et qui a du bien en voila assés pour une fois donnes moys de vos nouvelles jusqu'à ce que je vous dise c'est assés.
Croyés moy toujours le plus tendre de tous vos frères. E. Cabarrus
[P.-S.] Faites moy part des nouvelles du Canada et de ce qui se passera sur ce printemps

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Citer ce document

Cabarrus, Étienne-Pierre, “Lettre de Étienne-Pierre Cabarrus, Bayonne, à Michel Léon Cabarrus, Louisbourg,” Entrepôt de données ANPERSANA, consulté le 16 septembre 2024, https://anpersana.iker.univ-pau.fr/items/show/389.